Sous ce titre divertissant, « Retour vers le futur », Pierre Machtou va s’ingénier à apporter une vision de l’endodontie et de la dentisterie au sens plus large, que les jeunes praticiens et les plus anciens n’ont pas ou n’ont plus. Pour une pratique sans hésitation ni compromis aujourd’hui et demain, une complète compréhension des étapes scientifiques et cliniques validées qui ont précédé est nécessaire. Rencontre avec Pierre Machtou.
Quel voyage entre le passé et le futur promet cette séance ?
Pour comprendre le présent, il faut investiguer le passé. Aujourd’hui, les jeunes générations de praticiens reçoivent en endodontie un enseignement qui incorpore les données actuelles de la science et de la pratique. Mais peu ont idée du cheminement intellectuel et de la recherche qui ont abouti à la situation actuelle, et qui permettent de guider la pratique clinique. À titre d’exemple, toutes les écoles dentaires dans le monde enseignent l’utilisation mécanisée des instruments en NiTi pour la mise en forme canalaire. Mais cette approche récente n’a été rendue possible que par la connaissance des limites des techniques manuelles utilisant auparavant l’acier inox. De même, le concept de conicité du canal radiculaire, dont la réalisation est devenue naturelle aujourd’hui, a vu le jour dans les années soixante alors que sa mise en œuvre était discutée à l’époque et on ne peut plus aléatoire. Enfin, concernant les objectifs biologiques du traitement endodontique, qui connaît l’étude princeps qui a établi dans les années soixante les bases scientifiques et le rôle des bactéries dans l’apparition des lésions d’origine endodontique. Seule la connaissance des fondements scientifiques de l’Endodontie est à même de justifier nos prises de décisions aujourd’hui.
Comment le passé influence-t-il la pratique de l’endodontie aujourd’hui ?
L’endodontie est assimilée par beaucoup de praticiens à une discipline purement technique alors que l’endodontologie est une science aux bases fondamentales bien établies depuis soixante ans. Il est important d’en avoir connaissance car la mise en œuvre du traitement radiculaire n’est que le moyen utilisé pour atteindre les objectifs biologiques nécessaires au maintien ou à la récupération de la santé pulpaire ou périapicale. Une telle approche doit permettre au praticien d’établir un diagnostic précis, de planifier un plan de traitement en identifiant les obstacles à surmonter, pour enfin exécuter cliniquement et à dessein les procédures thérapeutiques. Ces connaissances passées et régulièrement mises à jour éclairent la réponse thérapeutique la plus pertinente.
Quels sont les différents aspects qui vont être exposés ?
La séance va évoquer les réalisations importantes et les dates clés du passé qui ont permis d’aboutir à l’endodontie telle qu’elle est pratiquée aujourd’hui. Il s’agit de montrer ici l’impact des avancées technologiques dans tous les domaines de l’endodontie : diagnostique, anesthésique, microbiologique, en biomatériaux et en clinique.
L’avenir est prometteur avec très certainement une augmentation des thérapeutiques de conservation de la vitalité de la pulpaire par une meilleure identification des marqueurs de l’inflammation. Les progrès de l’ingéniérie tissulaire avec une utilisation raisonnée des cellules souches permettront une régénération des tissus lésés et possiblement de la dent elle-même. Cliniquement, la place de l’endodontie guidée devrait être croissante grâce à l‘apport de l’imagerie et par l’utilisation de guide chirurgicaux précis. Sans oublier l’impact de l’intelligence artificielle qui globalement systématisera la réalisation des plans de traitement ainsi que la communication avec le patient. L’approche diagnostique des pathologies pulpaires et périapicales et des douleurs oro-faciales en endodontie n’en sera que plus précise.
Comment ces aspects seront-ils traités durant la séance ?
Je serai le seul conférencier dans cette séance qui se déroulera sous forme de questions posées par François Bronnec, le modérateur. Les questions seront choisies à l’avance en collaboration étroite avec le modérateur. Mes réponses seront les plus précises possible et illustrées par de courtes présentations de diapositives.
Quels bénéfices le praticien va-t-il retirer de la séance ?
Le bénéfice immédiat pour le praticien est de reclarifier les objectifs du traitement endodontique et d’envisager les différentes options diagnostiques et cliniques afin de mieux guider ses décisions, donc sa pratique. Le bénéfice à plus long terme est de remettre en tête des praticiens, même jeunes, les bases fondamentales qui ont souvent été oubliées : pas d’endodontie sans digue, par exemple, afin de souligner l’importance de l’asepsie dans la réduction du risque bactérien et des inflammations pulpaires et radiculaires qui s’en suivent. En endodontie, la prescription d’antibiotiques est rare, jamais systématique et certainement inutile dans les cas de pulpites.
L’objectif de cette séance est donc d’optimiser la pratique de l’endodontie par une bonne connaissance des objectifs biologiques et mécaniques régissant le traitement radiculaire complémentée par l’appoint des dernières données scientifiques et des nouveautés technologiques utilisables en clinique. Enfin, le but est de donner au praticien une idée de l’évolution future de la discipline. Car, aujourd’hui, l’attrait de l’endodontie, en tant que discipline médicale, est bien de guérir la maladie périapicale pour rétablir la santé de la dent, attrait qui sera renforcé dans le futur par la perspective de parvenir à revitaliser les dents nécrosées, à régénérer une pulpe dentaire, ou même une dent complète.
