Focus séance C49 – Parodontologie

Rencontre avec David Nisand : les dernières évolutions de la chirurgie parodontale et implantaire

Séance Rencontre avec
jeudi 30 novembre – 9h-10h30
Responsable scientifique : Xavier Struillou
Conférenciers : David Nisand

Depuis quelques années, la chirurgie parodontale et la chirurgie implantaire évoluent vers une approche moins invasive.

Cette approche fut proposée et décrite pour la première fois en 1995 par Harrel et Rees afin de minimiser le traumatisme chirurgical en réduisant l’étendue des incisions.

Depuis ces premières publications, les techniques se sont considérablement développées et sophistiquées au gré de l’optimisation des connaissances sur la cicatrisation osseuse et parodontale avec pour objectif de réduire l’étendue des incisions et du décollement afin de favoriser la stabilité du caillot, la fermeture primaire des lambeaux tout en réduisant les suites post opératoires.

Concomitamment à ces innovations chirurgicales, l’apparition de nouveaux outils de planification (Cone beam, chirurgie guidée ou naviguée) et d’exécution des traitements (aides optiques, instrumentations chirurgicales dédiées, fig. 1) ont permis de porter plus loin encore l’ambition initiale.

Figure 1 : Trousse de chirurgie parodontale et implantaire minimalement invasive Pink Matters® x Hu Friedy®

Cette approche minimalement invasive pour les tissus mais également pour les patients trouve des indications en parodontologie et en implantologie orale.

Dans le traitement des conséquences de la maladie parodontale, cette approche vise principalement à promouvoir des lambeaux de préservation papillaire avec des incisions décalées en vestibulaire (fig. 2) ou en palatin, à distance des défauts intra osseux et des décollements à minima. En préservant l’apport vasculaire et en optimisant la stabilité du caillot sanguin, ces techniques permettent d’améliorer significativement les résultats cliniques.

Ces techniques sont souvent couplées à des protocoles de régénération parodontale qui visent à optimiser le taux de survie dentaire et le cas échéant à des greffes de conjonctif enfouies afin de limiter les récessions gingivales post opératoires (fig. 3).

En chirurgie plastique parodontale, l’approche minimalement invasive permet, en limitant les incisions et l’étendue des lambeaux, de favoriser la vascularisation des sites receveurs et donc de limiter la taille des greffons autogènes (fig. 4), optimisant par la même les suites post opératoires et le résultat esthétique. Elle remet ainsi en perspective la réflexion sur le site de prélèvement des greffons en augmentant les indications de greffons tubérositaires.

Figure 2

Incision de préservation papillaire décalée en vestibulaire. Notez l’utilisation d’un mini décolleur afin d’améliorer la précision du décollement.

Figure 3

Sutures d’un greffon conjonctif afin d’optimiser le biotype parodontal lors d’une chirurgie de régénération parodontale au niveau d’un défaut osseux angulaire.

Figure 4

Sutures en matelassier vertical dans une enveloppe d’un greffon conjonctif prélevé au niveau de la tubérosité puis tracté coronairement afin de recouvrir une récession tissulaire marginale.

En implantologie, l’approche minimalement invasive se traduit également par une évolution des tracés d’incision et une limitation des décollements. Chacune des étapes du traitement chirurgical peut être concernée par cette évolution. Les extractions qui sont réalisées, dans la mesure du possible, sans lambeau pour optimiser la cicatrisation et limiter les conséquences du remodelage osseux post-extractionnel (fig.5). La mise en place des implants qui impliquent également des lambeaux de moindre étendue (fig. 6) voir une approche sans lambeaux (fig. 7).

Cette approche moins invasive aboutit toutefois, dans certains cas, à des protocoles plus complexes et donc plus risqués. A ce titre les techniques sans lambeau, les techniques d’extraction implantation immédiate, si elles permettent de proposer une approche moins invasive pour les tissus et pour les patients, doivent être réservées à des situations cliniques précises afin de ne pas compromettre le résultat esthétique et fonctionnel à long terme.

Enfin, à l’instar du gradient thérapeutique proposé par Attal et Tirlet en dentisterie restauratrice (2209), un gradient thérapeutique peut également être proposé en parodontologie et en implantologie. Ce gradient thérapeutique s’inscrit parfaitement dans une approche moins invasive des traitements à l’échelle du patient.

Figure 5

Extraction sans lambeau d’une incisive centrale fracturée. Notez la préservation des papilles afin d’optimiser la cicatrisation.

Figure 6

Mise en place d’un implant en association avec une greffe de conjonctif enfouie avec un décollement a minima suite à une régénération osseuse guidée.

Figure 7

Mise en place d’un implant sans lambeau afin de préserver les papilles dans un contexte d’alvéolyse verticale sur les dents adjacentes restaurées.

En parodontologie, ce gradient va se traduire par deux orientations majeures : optimiser le traitement non chirurgical pour limiter les indications chirurgicales et repousser l’extraction des dents parodontalement compromises par la promotion d’approche conservatrice et régénératrice (fig. 8).

En implantologie, ce gradient thérapeutique visera à privilégier, dès lors que c’est possible, des techniques opératoires simples et reproductibles avec, notamment, l’utilisation d’implants courts (fig. 9) et/ou étroits (fig. 10).

Figure 8

Mise en œuvre d’une technique de régénération parodontale au niveau d’une dent parodontalement compromise avec une atteinte parodontale terminale atteignant l’apex de la dent.

Figure 9

Vue radiographique à 10 ans post-opératoires de deux implants courts de 6,5mm de longueur, placés en association avec une élévation sous sinusienne par voie crestale sans matériaux. Notez le rapport couronne/implant défavorable.

Figure 10

Vue clinique représentant deux implants étroits de 3,5mm de diamètre, placés dans le secteur postérieur sans régénération osseuse pré ou per opératoire dans un contexte occluso-fonctionnel favorable.

Rencontre avec David Nisand : les dernières évolutions de la chirurgie parodontale et implantaire

Séance C49 – Format Rencontre avec
Jeudi 30 novembre – 9h-10h30

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