B36 – Séance AFIO // L’anthropologie médico-légale face au défis du XXI siècle : enjeux scientifiques, judiciaires et humanitaires

Objectifs :

- Découvrir les principes et méthodes de l'anthropologie médico-légale.
- Connaitre les défis et principes pour l'avenir.
- Pouvoir identifier en présence d'enjeux humanitaires.

Responsable scientifique :

Emmanuelle ARGENCE

Intervenants :

Pascal Adalian

Résumé :

L'anthropologie médico-légale est la discipline qui étudie les restes humains dans un contexte juridique ou humanitaire, principalement lorsqu’ils sont dans des états de putréfaction avancée ou de squelettisation. Elle cherche à d'identifier les individus et contribue à déterminer les causes et les circonstances de leur mort. Cette conférence a pour objectif de présenter les principes et les méthodes de l'anthropologie médico-légale, ainsi que les défis et les perspectives pour l'avenir.

Dans une première partie, nous reviendrons sur la définition de l'anthropologie médico-légale et discuterons des différentes étapes qui conduisent à l'identification formelle d'un squelette. Il s'agit d'établir le profil biologique (sexe, âge, stature, origine géographique), puis le profil individuel (caractères morphologiques spécifiques, pathologies, traumatismes) dans le but de pouvoir les confronter aux données ante-mortem (documents d'identité, fichiers dentaires, empreintes digitales, mais aussi simples témoignages de proches…) pour établir une correspondance.

Dans une seconde partie, nous aborderons les défis scientifiques auxquels l'anthropologie médico-légale doit faire face pour les prochaines décennies. Il s'agit notamment de fiabiliser les méthodes existantes en tenant compte des variations inter- et intra-populationnelles, d'intégrer l'intelligence artificielle et le machine learning pour optimiser l'analyse des données massives et complexes, et de renforcer la recevabilité des preuves scientifiques devant les cours de justice.

Enfin, dans une troisième et dernière partie de la conférence, nous traiterons des enjeux humanitaires liés à l'identification des corps des migrants décédés lors des traversées maritimes ou terrestres. Il s'agit d'un défi majeur pour le respect de la dignité humaine et le droit à une sépulture décente. Or il est souvent difficile voire impossible d'identifier ces personnes sans données ante-mortem correspondant aux identifiants primaires décrits par Interpol et les cours de justice internationale (ADN, empreintes digitales, enregistrements dentaires). Conformément aux recommandations de la Société Européenne d’Anthropologie Médico-Légale (FASE), il faudra « élever » l’anthropologie médico-légale au rang d’identifiant primaire. Cela implique une coopération internationale entre les pays d’origine et ceux d’accueil des migrants, et la mise en place de standards et protocoles d’échanges internationaux.