D88 – Séance SFPIO // Aspects biologiques et cliniques de l’utilisation de la greffe de tissu conjonctif en chirurgie mucogingivale esthétique.

Objectifs :

- Comprendre l’importance du phénotype des tissus mous lors de la planification de la chirurgie muco-gingivale esthétique.
- Mettre à jour les connaissances sur l’utilisation de la greffe de tissus conjonctifs dans le traitement des récessions multiples.
- Connaître les implications biologiques, cliniques et déontologiques d’une éventuelle modification du phénotype.

Responsable scientifique :

Caroline Fouque

Intervenants :

Massimo De Sanctis

Résumé :

L’un des aspects les plus importants de la chirurgie mucogingivale consiste à définir le phénotype des tissus à traiter ; cette importance a été rappelée par le consensus AAP/EFP en 2017.
Le phénotype gingival, en l’occurrence épais ou fin, est l’expression d’un génotype pouvant être influencé par des facteurs environnementaux tels que position de la dent, rotation etc… de telle sorte que l’évaluation doit se faire dent par dent.
La qualité du phénotype, épais ou fin, influence aussi bien les options thérapeutiques que le résultat de la chirurgie.

La technique chirurgicale la plus utilisée pour le traitement des récessions multiples est le lambeau d’avancée coronaire multiple associé à la greffe de tissu conjonctif, récemment décrite dans un consensus comme étant celle qui donne les meilleurs résultats et fournit au praticien la meilleure probabilité d’obtenir une couverture radiculaire complète. Cependant la greffe de tissu conjonctif est un geste chirurgical plus invasif pouvant entraîner plus d’inconfort pour le patient par rapport au lambeau d’avancée coronaire seul.

Il est bien documenté que le fait d’associer une greffe de tissu conjonctif au lambeau d’avancée coronale multiple en présence de tissus fin apporte un bénéfice en matière de couverture radiculaire. Par contre, lorsque le phénotype est épais, non seulement elle n’améliore pas la couverture des racines mais elle donne des résultats peu esthétiques.
Il faut donc obligatoirement procéder à une évaluation précise en présence de récessions gingivales multiples pour déterminer sur quels sites la greffe de tissu conjonctif est nécessaire.
En d’autres termes, utiliser la greffe de tissu conjonctif de manière sélective permet de diminuer l’inconfort pour le patient et d’améliorer le rendu esthétique.
Il existe un autre inconvénient souvent associé à la greffe de tissu conjonctif, le fait qu’il peut augmenter l’épaisseur de tissu kératinisé.
Selon de nombreux auteurs, ces phénomènes s’expliquent par l’induction de tissu conjonctif sur l’épithélium du lambeau recouvrant la greffe, c’est à dire la kératinisation induite par un tissu conjonctif dense.
Des travaux récents ont démontré que l’augmentation du tissu kératinisé est causée par la contraction du lambeau qui laisse la greffe en partie exposée, laquelle va ensuite se recouvrir d’épithélium kératinisé.
Cependant d’un point de vue clinique, cette augmentation du tissu kératinisé peut devenir un défaut inesthétique, également appelé tissu chéloïde.
En conclusion, la greffe de tissu conjonctif doit être considérée comme une « modification du phénotype » à n’utiliser que lorsque l’indication est posée.

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