Focus Points de vue C61 / séance pluridisciplinaire

Ventilons par le nez ! C’est la clé !

Jeudi 27 novembre – 14h-15h30
Responsable scientifique : Yves Soyer
Conférenciers : Dr Laure Louradour, Pr Stéphane Barthélemi, Floriane Largeaud, Dr Cédric Bourgeois

La respiration nasale est bien plus qu’un simple réflexe vital : elle constitue le socle du développement harmonieux de l’enfant, de son visage, de sa santé générale et même de ses capacités cognitives. Pourtant, trop d’enfants respirent par la bouche sans que cela n’alerte suffisamment. Les conséquences de cette ventilation buccale sont multiples : troubles du sommeil, difficultés d’apprentissage, dysmorphoses faciales, infections ORL à répétition… et parfois même des complications cardiovasculaires à l’âge adulte.

Face à cette problématique de santé publique, notre séance pluridisciplinaire a un objectif clair : montrer que bien respirer par le nez, dès l’enfance, change tout.

Une problématique globale aux conséquences durables

La ventilation buccale chronique ne se limite pas à une « mauvaise habitude ». Elle affecte la qualité du sommeil : ronflements, apnées, hypoxie cérébrale et énurésie nocturne sont fréquents. Les répercussions neurocognitives sont majeures : troubles de la mémoire, déficit d’attention, difficultés scolaires, hyperactivité. Elle perturbe aussi l’alimentation, en raison d’une coordination altérée des muscles oro-faciaux, d’une perte de goût et d’odorat ou encore d’une déglutition atypique.

Les répercussions ne s’arrêtent pas là : infections ORL récurrentes, hypertrophie amygdalienne, troubles du langage, sécheresse buccale, asthme, eczéma… Autant de signes qui, s’ils ne sont pas dépistés, peuvent se transformer en cercle vicieux d’obstruction et de désadaptations fonctionnelles. À l’âge adulte, le risque d’hypertension ou de troubles du rythme cardiaque s’accroît.

Le rôle pivot du chirurgien-dentiste

Souvent premier professionnel de santé à examiner l’enfant de près sur le plan oro-facial, le chirurgien-dentiste joue un rôle clé dans le dépistage. Dès la première consultation, recommandée à un an, l’interrogatoire et l’examen clinique permettent d’identifier les signes précoces : respiration buccale, hypotonie linguale, lèvres entrouvertes, bavage, troubles de la mastication, ronflement, dysmorphoses naissantes.
À partir de ces observations, il peut orienter efficacement l’enfant vers les intervenants appropriés : orthodontistes, kinésithérapeutes, pédiatres, ORL ou orthophonistes. Ce rôle de coordination est déterminant pour instaurer un parcours de soins cohérent et éviter les errances.

Fig. 1 – Patient de 10 mois, présentant un faciès adénoïdien, respiration buccale, cernes, ronflement avec pauses respiratoires constatées, bavage, trouble alimentaire pédiatrique.

Fig. 2 – Patient de 3 ans, première consultation odontologique.
Trouble masticatoire, difficulté d’élocution, respiration buccale, hypotonie linguale et suspicion de TROS (Troubles respiratoires obstructifs du sommeil).
Béance, occlusion inversée, retrognathie mandibulaire.

L’apport décisif de l’orthodontiste

Lorsque la ventilation nasale est entravée, le massif facial se développe différemment : maxillaire étroit, déviation mandibulaire, rétromandibulie, hyperdivergence… Ces déformations, si elles ne sont pas interceptées tôt, s’ancrent durablement.
L’orthodontiste, par des actions orthopédiques ciblées, élargit la base maxillaire et, de fait, les fosses nasales. L’expansion rapide du maxillaire est ainsi un levier puissant pour restaurer la respiration nasale et prévenir des malocclusions complexes. Par ailleurs, l’orthodontiste est en première ligne pour repérer et accompagner les enfants souffrant de SAHOS (syndrome d’apnées-hypopnées obstructives du sommeil), qui concerne jusqu’à 4 % des enfants et dont les conséquences à long terme sont lourdes.

Fig. 3 – Effets sur l’occlusion d’une ventilation orale et d’une succion digitale chez un enfant de 5 ans ayant une hypertrophie des tonsilles palatines et un terrain allergique

Fig. 4 – Effet sur le maxillaire d’une expansion rapide durant 15 jours sur une enfant de 8 ans : élargissement de la voûte palatine et ouverture de la suture palatine comme en témoigne le diastème inter-incisif.

La rééducation fonctionnelle, clé de la pérennité

Même après correction orthodontique, la rééducation oro-myo-fonctionnelle s’impose pour ancrer durablement la ventilation nasale. La kinésithérapie maxillo-faciale (comme l’orthophoniste spécifiquement formé) propose un travail spécifique sur la succion, la posture linguale, la déglutition, la ventilation et même la posture globale. L’approche est adaptée à l’âge : nourrisson, enfant en croissance, adolescent, adulte.
Au-delà des techniques, la conférence apportera des repères clairs sur les objectifs, les moyens thérapeutiques et le temps nécessaire pour obtenir des résultats stables. Les praticiens repartiront avec une fiche récapitulative : signes d’alerte, âges clés, prescriptions types et orientations selon les troubles observés.

La vision globale du médecin en pédiatrie

Enfin, la dimension médicale et systémique ne doit pas être oubliée. Le pédiatre met en lumière les liens entre respiration buccale, sommeil de mauvaise qualité, développement neurocognitif et santé générale. Identifier tôt ces symptômes évite qu’ils ne s’aggravent et permet de prévenir les complications métaboliques et cardiovasculaires de l’adulte.

Une séance tournée vers la pratique

À travers des cas cliniques concrets, cette session montrera comment chaque discipline contribue à une même finalité : restaurer et préserver la respiration nasale, gage d’un développement harmonieux et d’une meilleure santé future.

Les participants repartiront avec :

  • des clés pour repérer les signes précoces dès le plus jeune âge,
  • des outils pour orienter efficacement leurs patients,
  • une vision claire du rôle de chaque spécialiste,
  • l’envie d’appliquer ces notions immédiatement au cabinet.

En conclusion

La respiration nasale est un pilier de la croissance et de la santé de l’enfant. Sa surveillance et sa restauration relèvent d’un véritable travail d’équipe. En participant à cette séance, chaque praticien trouvera des réponses pratiques pour enrichir son diagnostic, renforcer sa collaboration interdisciplinaire et, surtout, améliorer durablement la qualité de vie de ses jeunes patients.

Ventilons par le nez ! C’est la clé !  

Séance Points de vue C61
Jeudi 27 novembre – 14h-15h30

Voir tout le programme scientifique

Je m’inscris pour me former et visiter l’Exposition