Un avant-goût du programme 2025

Entretien avec Charles Toledano, Directeur scientifique du Congrès ADF 2025

Omnipraticien expérimenté et passionné par la transmission du savoir, Charles Toledano est le directeur scientifique de cette édition 2025. Fort de 30 ans de pratique et confronté aux mêmes défis que ses confrères, il s’entoure de 11 experts pour concevoir un programme sur-mesure, adapté à tous les niveaux de compétence. Goutez d’ores et déjà à la saveur de ce Congrès et réservez les dates du 25 au 29 novembre dans votre agenda.

L’omnipratique et les solutions concrètes sont au cœur du programme. Quelle approche adoptez-vous pour relever les défis des omnipraticiens ?

Omnipraticien libéral depuis plus de 30 ans et formateur depuis 20 ans, je suis confronté aux mêmes problèmes que mes confrères. Je connais bien ces défis et la dichotomie entre ce qui est proposé en salle de conférence et la réalité du terrain. Avec mon comité d’experts, nous avons donc veillé à offrir un contenu accessible à tous, quel que soit son niveau de compétence, et fidèle aux besoins des omnipraticiens. Les maîtres mots du programme scientifique de ce Congrès phare de la profession sont : la clinique, la pratique, du concret.

Les séances du Congrès sont axées sur l’aspect pratique et l’application immédiate au cabinet. Comment cette approche s’exprime-t-elle cette année ?

Pour capter l’attention, il faut un message clair, concis et concret. Cette année, nous avons privilégié les formats d’1h à 1h30, les Battles dynamiques et pédagogiques, les Rencontres avec des experts reconnus dans leur discipline, pédagogues et bon orateur. L’objectif est de rapprocher la pratique clinique du savoir scientifique pour offrir des solutions directement applicables en cabinet.

Le Congrès rassemble jeunes diplômés et praticiens expérimentés, aux attentes parfois différentes. De quelle manière avez-vous conçu un programme pertinent et enrichissant pour tous ?

Depuis 20 ans que je forme des praticiens, j’ai constaté un rajeunissement du public. Les jeunes sont très demandeurs de formation, avec un fort intérêt pour l’esthétique, la préservation tissulaire et les technologies numériques. Les plus expérimentés recherchent davantage des solutions pour gérer les échecs et les complications. Avec mon comité d’experts – dont l’âge moyen est d’environ 40 ans –, nous avons conçu un programme qui fédère ces différentes attentes. L’objectif est d’encourager le dialogue intergénérationnel, essentiel pour enrichir les pratiques. Il n’y a jamais de formation plus réussie que lorsque toutes les tranches d’âge sont dans la salle car chacun apprend de l’autre.

L’innovation pédagogique est au cœur du Congrès. De nouvelles approches pour enrichir l’expérience des congressistes ?

Après le succès du format 100 % vidéo créé par Nicolas Lehmann et son équipe l’année dernière, nous lançons le format 100 % clinique. Cette présentation immersive combine vidéos et diaporamas de cas cliniques commentés, permettant d’analyser les gestes, les techniques et les protocoles en détail. Le rôle du formateur ne se limite pas à dispenser uniquement des astuces cliniques. Ainsi, plusieurs formats de séances, dont le 100% clinique, bénéficieront de flashs recherche d’environ 10 minutes. Cela permettra de mieux comprendre les processus qui guident nos pratiques et appuyer les propos de chaque conférencier. Enfin, nous introduisons la masterclasses clinique de 6h, alliant théorie, travaux pratiques et débats interactifs sur des thèmes clés comme la restauration de la dent dépulpée ou l’extraction/implantation immédiate. En petit groupe, les participants échangeront directement avec les experts, en séance et lors d’un déjeuner offert pour prolonger les discussions.

Certains sujets de niche restent peu abordés en formation malgré un intérêt grandissant. Comment les rendez-vous accessibles ?

Des thématiques parfois perçues comme trop pointues sont en réalité très accessibles et apportent une réelle valeur en omnipratique. Nous avons donc choisi de les intégrer en mettant l’accent sur leur application clinique. Cette année, nous aborderons des sujets comme l’endodontie minimalement invasive, le traitement des MIH, les composites injectés, la chirurgie plastique parodontale, les greffes intra-sinusiennes, le vertiprep ou encore les bridges cantilever postérieurs qui suscitent beaucoup d’intérêt mais nécessitent encore du recul clinique. L’objectif est d’offrir aux praticiens des clés concrètes pour les intégrer à leur pratique en toute confiance.

Une séance Prestige inédite offre une perspective unique, introuvable ailleurs. Pourquoi mérite-t-elle une attention particulière ?

La séance Prestige va mettre en avant le recul clinique sur 20 à 30 ans. Des experts partageront leur expérience clinique et leur vécu pour nous parler vrai : ce qui fonctionne, les échecs, l’évolution des traitements dans le temps et leurs conseils en confrontant l’expérience clinique avec la littérature scientifique, mettant en lumière les écarts parfois significatifs entre théorie et pratique. À l’ère des réseaux sociaux et des cas cliniques magnifiques mais sans recul et sans suivi, nous avons choisi de privilégier la vérité du terrain sur trois thèmes : l’implantologie, la parodontologie, la prothèse. Cette séance de 3 heures sera un véritable débat sur les certitudes et les doutes des experts. Convaincu de son approche fondamentale je l’ai voulue gratuite et ouverte à tous.

La prise en charge des facteurs psychosociaux, comme la douleur et l’anxiété, devient essentielle en pratique dentaire. Comment aborderez-vous ce sujet ?

En plus des séances scientifiques, nous mettons l’accent sur la formation en équipe avec l’expertise de Nicolas Dritsch, omnipraticien, spécialiste en santé publique et environnementale. La gestion de l’anxiété et de la douleur repose sur une prise en charge collégiale. Les assistant(e)s dentaires ont une place centrale sur ces sujets, et trouveront des thèmes qui les concernent directement, comme la gestion de l’agenda, la prévention des conflits, les techniques de sédation et d’hypnose. Trois ateliers pratiques sont prévus, dont un en binôme praticien-assistant(e) sur l’éducation thérapeutique. L’objectif est d’optimiser ensemble la prise en charge des patients.

De quelle façon le Congrès de l’ADF continue-t-il d’évoluer pour répondre aux défis de la formation continue de la profession ?

Lorsque l’ADF m’a confié la direction scientifique du Congrès, mon objectif était clair : inciter un maximum de praticiens à se former ou à renouer avec la formation continue. Se former, c’est préserver la passion du métier, améliorer son expertise, se remettre en question, mais aussi échanger entre praticiens et découvrir les innovations du secteur auprès des exposants. Contrairement à l’e-learning, le Congrès offre une expérience immersive où l’on teste du matériel et partage des expériences. Grâce à une connaissance incroyable des attentes de notre profession, les membres organisateurs du Congrès, avec son comité d’experts impliqué toute l’année dans la formation continue, ont conçu un programme en phase avec les besoins des praticiens, pour un apprentissage concret et interactif.

De quelle manière intégrez-vous les nouvelles avancées technologiques dans le programme de formation ?

Les technologies font déjà partie de nos cabinets, comme en témoigne l’essor des caméras optiques. Lorsqu’une innovation nous apporte un réel bénéfice, nous l’adoptons rapidement. Le programme abordera la précision de ces caméras, l’apport de l’intelligence artificielle dans l’analyse et la prédictibilité des traitements, ainsi que la robotisation de certains actes. Notre priorité reste de proposer des solutions accessibles aux omnipraticiens, ancrées dans la réalité quotidienne des cabinets.

En quoi l’édition 2025 du Congrès anticipe-t-elle les évolutions techniques et les attentes des patients ?

Les patients recherchent des soins durables, esthétiques, rapides et rassurants. La préservation tissulaire et l’esthétique sont au cœur de leurs attentes. Pour y répondre, nous avons invité des experts internationaux comme Galip Gurel, Florin Coffar et Eric Van Dooren, qui partageront leur expertise sur ces sujets essentiels. C’est une chance de bénéficier de leurs expertises.

Comment abordez-vous les avancées de l’intelligence artificielle dans le programme 2024 ?

L’IA n’est plus une question, c’est une évidence et une réalité incontournable en pratique dentaire. Ce qui m’intéresse, c’est son utilité concrète au quotidien. Nous explorons ses applications cliniques dans toutes les disciplines, notamment l’analyse prédictive et l’aide au diagnostic.

Le Congrès rassemble des professionnels de divers horizons. De quelle façon ce pluralisme enrichit-il les échanges ?

L’interdépendance entre praticiens, conférenciers et exposants est essentielle. La proximité des salles de conférence et de l’espace d’exposition est une des clés de la réussite du Congrès en favorisant l’apprentissage, l’expérimentation et la comparaison. C’est cette synergie qui fait la force et l’ADN du Congrès de l’ADF : apprendre, tester, comparer.

Portrait de groupe du Comité scientifique du Congrès ADF 2025

Le Comité scientifique 2025 réuni autour de Charles Toledano
De gauche à droite : Sophie Bahi-Gross, Mickaël Cotelle, Camille Laulan, Nicolas Dritsch, Patrice Margossian, Benjamin Cortasse, Davidé Mancino, Mathieu Contrepois, Hugues De Belenet, Carole Chavaret, Sophia Houari.